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jeudi 24 juin 2010

Lola

Il n'y a là en elle qu’une envie de renaissance.
Devenir ce qu'elle n a pas pu être.
Sa vie, à Lola, a comme un goût de merde séchée.
Une artiste, un écrivain des bas comptoirs. Écrivain de la vie, noire. La vie. Écrivain de merde. Artiste au petit " a", artiste prostré dans sa mélancolie défectueuse.
Des jours comme ça ou elle se prend en pleine face son incapacité à vivre pour deux, à trop s'attacher à sa bulle.
Un jour comme ça ou on lui retire son désir de donner. Sa seule vraie preuve de sincérité et d'amour, sa seule vraie preuve de tout.
Incompréhensible sûrement.
Peu importe.
Une envie de renaissance. Juste pour être homme.
Et pour pouvoir enfin jouir de ce don de liberté, animal et lâche.
Pouvoir boire comme un ivrogne sans avoir à se soucier ni à salir sa belle gueule de jeune femme, "Pasque quand même, Lola, c’est moche une fille qui boit."
Non ce n’est pas moche.
C'est plus joli que votre lâcheté, bande de bites à sperme.

Des jours comme ça où l'envie lui prendrait bien de tirer une balle dans la tête de tous les freaks qu’elle pourrait croiser. Tous ces connards aussi qu'elle peut servir du matin au soir, tous ces connards à qui elle sert les assiettes. Ces assiettes là, qu’elle se garde à des moments de s'en servir comme de tarte à la crème. Tous ces connards qui ne considèrent rien ou trop peu, tous ceux là qui claquent des doigts ou sifflent, pour un café. Ni bonjour, ni merci. Des cons partout. Mais pas tous. Pas tous des connards ceux qu'elle sert, heureusement. Ouf même. Ça, permet de relativiser.

"C'est chouette la mafia quand même."
" Si j'avais été un mec, je me grefferai un flingue en guise de troisième couille et je rejoindrai la mafia sicilienne"
Si...
"Si ça c'est pas de couilles hein! "

Impossible d'affronter ce trop plein de merde, comme celle de la caisse des chats qui n a pas été nettoyé depuis trois jours. Une infection. La gerbe quoi.
La gauche, la droite, c est pareil, ça ne porte pas plus bonheur de marcher dedans que d'avoir les doigts qui sentent la pisse.
Ce n’est pas le pied dans la merde qu'on lui lira l'avenir de toute façon.


Après quelques lignes crachées ici et là sur sa feuille, elle jeta son foutu stylo sur le bureau, souffla, pris sa tête entre ses mains, se mit une violente gifle. Celles là même qui laissent la peau bien rose.
"Putain!"
Elle prit ses affaires, jeta un vague coup d'œil dans le miroir en passant, se fit un doigt d'honneur et partit en direction de son zinc préféré, fêter hypocritement ses 26 ans.

E.E

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